Pourquoi jouir est politique ?
- Marine Hagège
- 3 nov.
- 3 min de lecture
Le plaisir. Et si on osait en parler librement ? Sous toutes ses facettes ? Dans notre société, je ne t’apprends rien, la sexualité et le plaisir restent un sujet souvent tabou. Pourtant il est au coeur de nombreuses luttes sociales, féministes et queer en tête. Plongeons ensemble dans les rouages bien huilés de cet héritage historique. Et viens, je t’explique pourquoi être une Jouissive devient un acte de rébellion !
On ne va pas tourner autour du pot, et déballer tout de suite le mot qui fâche : le patriarcat. On remerciera Eve d’avoir mangé la pomme, et tous ces mecs effrayées de voir la puissance d’une femme libérée. Alors, notre système sociétal a déployé des efforts considérables pour nier ou marginaliser le plaisir féminin. Et ainsi réduire la femme à la fonction de machine à bébés.
Virginie Despentes le disait dans King Kong Théorie : « Ce qui fait peur, c’est une femme qui jouit, qui prend du plaisir, qui n’est pas docile. »
Alors, on a grandi dans un système où le clitoris est effacé des manuels d’anatomie, où la contraception féminine est mise en avant et où l’orgasme est mis sous silence. Sans parler des lois sur l’avortement, la pression esthétique ou les inégalités salariales.
Parce qu’il y a un enjeu de contrôle et de domination. Le plaisir masculin, central et valorisé efface le nôtre. Alors, parler de jouissance, c’est refuser cette hiérarchie. Revendiquer son plaisir devient un acte de subversion. Une façon de reprendre son pouvoir sur toutes les dominations patriarcales subies. Il revient à dire « mon corps m’appartient. »
Jouir, c’est réaffirmer la souveraineté sur son corps, en dehors des normes, de la morale ou de la rentabilité. Oser se faire plaisir, par l’oisiveté, la contemplation, les doux moments simples de la vie, c’est sortir des schémas imposés. « Je jouis donc j’existe. » Parce que la jouissance passe par tellement de chemins. Le plaisir de manger cette jolie soupe que tu as cuisinée. Se délecter de sa couleur automnale. De la chaleur sur ta langue. De la texture dans ta bouche.
La sensualité peut investir ton quotidien par autant de biais qu’il y a d’individus. On le sait que tu as ton petit plaisir au quotidien ! Mais si, mais si, est-ce le carré de chocolat en fin de repas ? La douche chaude et intime que tu te réserves le soir ? Ou encore la caresse du plaid dans le canapé avec ton café chaud ?
Tous ces actes de plaisir viennent contrer la dynamique patriarcale dans ses racines les plus profondes. La femme sort alors du moule qu’on lui a donné. Celui où la seule issue est celle d’être l’objet de plaisir des hommes. Non, tu peux aussi devenir ton propre objet de plaisir. Pour ta propre satisfaction. Et ça, c’est le kiff ! Le kiff suprême, c’est aussi de partager ce plaisir. Parce que tous ces actes ne se limitent pas à l’individuel. La jouissance collective défie les normes. Une forme de reconnaissance commune qui peut se faire dans la joie, en fête, en rire et en chant.
Ce partage qui permet de libérer les voix, de se reconnaître entre pairs. Sortir de la honte ou de la culpabilité. Pour s’émanciper et enfin se donner le droit au plaisir, inconditionnellement.
Comme aux Jouissives Fest, on ouvre un espace pour se dédier à soi tout en s’ouvrant aux autres. En cultivant la sororité et l’instant présent. Une bulle hors du temps, pour son propre plaisir. L’idée te plaît ? Quelle chance, on remet ça cette année, tu viens te faire kiffer avec nous ? 🔥




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